lundi 11 juillet 2011

TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS

Alors que ces dernières semaines la question du temps de travail des ingénieurs, cadres et techniciens a été à nouveau posée, à l’occasion notamment d’un arrêt de la Cour de cassation sur les forfaits-jours, voilà qu’une enquête publiée jeudi 7 juillet par le département statistique du ministère de l’Emploi (Dares) nous apprend que si deux tiers des salariés ont effectué des heures supplémentaires en 2009, 14% d’entre eux n’ont perçu aucune rémunération ou compensation pour ces heures.

Les ingénieurs et cadres (non soumis au régime du forfait-jours qui ne tient pas compte des horaires hebdomadaires) sont les plus fréquemment concernés (35 %) devant les techniciens et agents de maîtrise (19 %), les employés (13 %) et les ouvriers (5 %).
Souvent vécu comme une sorte de corollaire normal à l’exercice de responsabilités en temps de guerre économique, le phénomène des heures supplémentaires non payées est pourtant un puissant levier de déqualification.

 En effet, si l’on ramène le salaire au nombre d’heures de travail effectuées, on voit très vite que ces salariés qualifiés et en responsabilités sont finalement sous payés. Et l’on aboutit à ce que finalement plus ils travaillent, moins ils gagnent. Et encore, on ne parle ici que d’heures supplémentaires effectivement comptabilisées par les personnes interrogées. Mais quid de ces heures de la vie de famille consacrées à finaliser un mémo ou un dossier chez soi le soir ou le week-end ? Quid de ces mails qui viennent échouer invariablement sur les Smartphones, auxquels on se sent obligés de répondre parce que, n’est-ce pas, « cadre un jour… cadre toujours »…

La question du temps de travail n’a jamais été aussi présente dans les préoccupations de nos catégories, pas seulement en raison de l’actualité dramatique qui a montré à quelles extrémités l’abus de travail pouvait mener.
Elle l’est aussi parce que les politiques salariales ne reconnaissent pas les qualifications et responsabilités. Parce que le gouvernement et le Medef ne cessent de crier haro sur les 35 heures et ne savent plus quoi inventer pour faire sauter le verrou d’une norme légale du temps de travail. Parce que les ingénieurs, cadres et techniciens entendent préserver, voire consolider la frontière entre temps de travail et temps pour soi.

La lettre de l'UGICT n°359